Tous les chemins mènent à Rome... ou pas!

Les êtres petits et frêles sont souvent très désavantagés lorsqu'ils se déplacent parmi la foule. On ne les remarque pas, donc on les écrase... Et si on les remarque... hé bien, on les écrase d'autant plus fort qu'on ne supporte pas qu'un être aussi petit et frêle bloque le passage. Cependant, ce n'était pas cela qui allait décourager le jeune Davad, être particulièrement frêle, bien que pas vraiment petit. En effet, celui-ci était en mission, et contre vents et marées, il l'accomplirait, foi de Nefeli! Le jeune Duc l'avait en effet envoyé chercher une pièce d'armure qu'il avait mise en réparation dans le quartier du Feu, et le serviteur s'y était rendu, dans ce quartier, aussi vite que possible, même! Mais son enthousiasme avait été rapidement douché lorsqu'il s'était aperçu qu'il était encore une fois perdu... Il avait beau habiter cette fichue ville depuis plusieurs mois, il ne parvenait toujours pas à s'y retrouver. Il avait bien pensé à poursuivre ses recherches en hauteur, utilisant ainsi ses pouvoirs éoliens. Mais malheureusement pour lui, pas un souffle d'air ne parcourait la ville en cette brûlante journée d'été.

Quelqu'un le bouscula, et lui écrasa violemment le pied. Davad puisa dans son énervement assez de courage pour maugréer, l'air revêche:

« Hé, pourriez faire attention! »

Un grognement lui répondit, et lorsqu'il releva les yeux, il se retrouva face à un humain de grande taille... de trèèèèèès grande taille... avec plein de muscles partout et l'air particulièrement agacé. Lorgnant sur les poings aussi gros (et vraisemblablement aussi lourd!) que les pavés de la rue, qui menaçaient très explicitement de s'abattre sur lui, il marmonna rapidement un:

« Heu... désolé... pardon... veuillez m'excuser... bonne journée!!! »

Et profita de l'arrivée d'un groupe de badauds apparemment attirés par l'échoppe d'un tisserand pour déguerpir. Finalement, il déboula sur la place centrale du quartier, essoufflé et de plus en plus désemparé. Si son maître ne le voyait pas revenir rapidement, il allait encore se moquer de lui pendant une bonne semaine! Et l'humour de Nayim étant aussi aiguisé que ses sens de bretteur, Davad préférait éviter d'avoir à essuyer de nouvelles piques sur son mauvais sens de l'orientation...

Fatigué, épuisé par la chaleur (et le brasier de la place d'Azilys n'aidait en rien...), il finit cependant par s'asseoir sur un banc, l'air perdu, cherchant vainement parmi les gens présents une bonne âme à qui demander sa route (l'adresse de l'armurerie étant dûment notée sur un morceau de parchemin), sans pour autant oser demander à qui que ce soit, lançant des regards suppliants aux passants qui lui faisaient le moins peur. La place, grand endroit vide plein de pavés, ne lui inspirait rien. Ca manquait désespérément de verdure, et il était tellement inquiet à cause de sa mission qu'il n'arrivait même pas à admirer les statues et les bâtiments qui l'entouraient. Pourquoi Nayim n'allait-il pas se fournir dans le quartier de la Terre? C'était, aux yeux de Davad, le plus bel endroit de la Ville, pour ses parcs et ses bosquets soigneusement entretenus, et il était sûr qu'on y trouvait aussi de très bonnes armureries...

(A qui veut!)

Bibliothécaire Messages : 15

Silane était perdue. Elle avait débarqué il y a quelques heures, traînant derrière elle deux grosses malles contenant tout ce qu’elle jugeait nécessaire pour s’installer dans une ville inconnue pour une durée indéterminée : vêtements, nécessaire de toilette, quelques graines en tout genre, et puis les livres et documents confiés par la Grande Bibliothèque.

Elle devait maintenant rejoindre son logement, appartenant à des membres de la famille d’une de ses anciennes collègues, logement qui semblait apparemment situé en plein cœur du quartier de la terre, Kanbonverka. Seulement, il restait à le trouver ce quartier… Les effluves végétales qui aurait pu la guider étaient masquées par l’odeur du reste de la ville et les multiples sensations qui s’en dégageaient. Ce qui était pour le moins perturbant pour la jeune dryade et avait fini par l’égarer encore plus.

Ohh, elle avait bien tenté de demander son chemin, mais si certaines personnes lui avaient aimablement répondues, beaucoup d’autres l’avaient ignorée ou égarée. Certains même l’avaient traité d’aberration… Allez comprendre ce qu’ils voulaient dire par là.

Bah, de toute façon, l’heure n’était pas à l’auto-apitoiement. Décidant de suivre le courant général de la foule, elle finit par arriver à ce qui semblait être un quartier commerçant. Mais s’y déplacer, surtout avec deux malles lourdes et encombrantes, n’était pas une mince affaire. Silane rejoignit donc les allées transversales et finit par déboucher sur une cour pavée parsemée de quelques bancs. Elle allait demander son chemin à un couple lorsqu’elle fut violemment bousculée par deux hommes apparemment pressés. Déséquilibrée par ses bagages, elle manqua s’étaler de tout son long par sur les pavés, se rattrapant in extremis à un banc et à son occupant.

« Ooh… Excusez moi ! »

Levant les yeux, elle se retrouva nez à nez avec un jeune homme aux cheveux blancs surmontant des yeux noisettes, et l’air sans nul doute plus aimable que les brutes qui hantent cette ville. Se disant quand même que rester assise par terre n’était pas une bonne manière de s’excuser , la dryade se releva rapidement, avant de s’incliner légèrement devant son interlocuteur.

« Je… Euh … Je suis vraiment désolée, j’espère que je ne vous ai pas fait mal ? »

Stressée par cette situation inattendue, Silane releva ses bagages avant de s’asseoir dessus.

« Euh… Je cherche le quartier de Kanbonverka, sauriez vous où il se trouve ? Je viens d’arriver et je me suis … perdue… »

Alors qu'il commençait à désespérer de trouver quelqu'un d'assez sympathique pour pouvoir le renseigner, il fut violemment percuté par quelqu'un qui se raccrocha à lui. Pourtant, il se disait qu'assis sur un banc, éloigné autant que possible du flot des passants, il n'avait rien à craindre... Une ville, c'était vraiment un lieu désespérant pour un pauvre petit satyre tel que lui. Bon, d'accord, pas si petit.

Maladroitement, il aida la jeune fille, car c'était une jeune fille, à se relever, reconnaissant à la couleur de ses cheveux et à surtout à sa grâce naturelle une dryade, autant dire une de ses proches cousines. Celle-ci s'inclina soudain devant lui en se répandant en excuses, alors même que le timide Davad allait lui demander si elle ne s'était pas fait mal. Finalement, la demoiselle se cala sur une de ses malles, en face de lui, pour de nouveau s'excuser avant de lui avouer qu'elle aussi était perdue. Bon. Bah au moins il n'était pas tout seul. Sauf que lui, ca faisait des mois qu'il habitait la ville, il n'avait donc pas l'excuse de la nouveauté...

« Pas de problème... J'ai rien senti! »

Le quartier de Kanbonverka... bah justement, il y pensait... curieuse coincidence...

« Heu... ca doit être à l'Est de l'endroit où nous sommes, normalement... »

Il hésita. Il ne pouvait pas décemment laisser la jeune fille se dépatouiller avec tous ses bagages dans cette foule, par cette chaleur et surtout... (il rougit à cette pensée), surtout, une jeune fille aussi jolie et aussi... heu... court vêtue... Et un petit détour par son quartier préféré ne pouvait être qu'agréable... Oui, mais... sa mission? Et bien... il avait encore largement le temps avant que la nuit tombe, et il trouverait bien une excuse à fournir à Volcabre pour son retard. Et puis... en chemin, peut-être qu'il trouverait quelqu'un pour le renseigner... En tout cas, il se voyait mal rester ici, à griller au soleil, éternellement, d'autant plus que sa peau pâle ne le supporterait certainement pas.

« Je... heu... Je peux vous accompagner, si vous voulez... Vous m'avez l'air... chargée... »

Il aurait pu paraître ridicule, avec tous ses bégaiements, toutes ses hésitations, mais le sourire humble et bienveillant qu'il adressait à la demoiselle, plein de gentillesse et d'une sorte de sérénité optimiste qui le caractérisait malgré ses réserves, le rendait à la fois innocent et attachant. Il n'en était évidemment pas conscient, mais cela avait pu jouer en sa faveur en de nombreuses reprises.

Bibliothécaire Messages : 15

« Tant mieux si je ne vous ai pas fait mal… »

Bien installée sur ses bagages –enfin, tout est relatif, le bois était dur et les arêtes aurait gagnées à être un peu arrondies, mais elle était définitivement mieux assise que debout-, Silane observait son interlocuteur à l’air aussi nerveux et intimidée qu’elle-même… Ce garçon dégageait quelque chose de rassurant pour la dryade, quelque chose qui avait à voir avec la magie élémentaire. Peut être lui appartenait-il, comme elle appartenait à la terre. Un Eoliade peut être, ces esprits de l’air proches de ceux de la terre, voire indispensable à la bonne survie des végétaux. Auquel cas, cette rencontre s’avèrerait de très bon augure, elle aurait peut être un allié dans la place. Et pour ne rien gâcher, le beau visage ouvert et souriant qu’il lui présentait incitait fortement la jeune femme à lui confiance.

Semblant gêné par quelque chose, ledit garçon lui proposa de l’accompagner jusqu’à ce qui serait sa nouvelle demeure, invoquant les bagages encombrant. Remplie de gratitude à cette proposition, Silane s’empressa d’accepter… Même si la réponse approximative sur la direction du quartier de la Terre semblait indiquer que son nouveau guide semblait à peu près aussi égaré qu’elle. Mais bon, tout bien réfléchi, mieux valait un chemin rallongé en bonne compagnie qu’un trajet court indiqué par des personnes hostiles… Elle donna donc sa réponse, un grand sourire éclairant ses yeux gris, la tête légèrement inclinée sur le côté droit.

« Huum… Et bien, je pense que je vais accepter cette offre, je dois bien avouer que trainer toute seule ces deux grosses malles commence à devenir assez fatiguant… Mais ça ne vous posera pas de problème à vous ? »

Soudain, la dryade remarqua quelque chose… Elle ne connaissait même pas le nom de son interlocuteur! Et l’inverse était tout aussi vrai. Il convenait de résoudre au plus tôt cette offense à toutes les règles de la bienséance. Et c’était tout de même bien plus pratique pour se parler… Et cela n’avait rien à voir avec de la curiosité, juste une envie de mieux connaître ce charmant satyre.

« Au fait, je m’appelle Silane, de la famille Nerys. On m’appelle souvent Sil’, ‘Lane ou tout autre diminutif approximatif, même si personnellement je préfère ‘Lane. Métier : censément bibliothécaire, enfin si il y en a une dans le coin… Et qui est donc mon aide providentielle ? »

Silane se releva en attendant la réponse du jeune homme, en attente d'instruction vers la direction à suivre pour se rendre vers sa résidence, ou, à défaut, de se reasseoir si son guide souhaitait se reposer un peu avant d'affronter les périls trompeurs de ces rues qui semblaient prendre à malin plaisir à tromper les satyres et les dryades...

« Oh, non, aucun problème. Enfin, j'ai des choses à faire, bien sûr, mais j'ai encore largement le temps. Aucun problème,donc. »

Un nouveau sourire tandis qu'il répondait à la question de la dryade. Dire qu'elle était jolie aurait relevé du pléonasme, puisque toutes les nymphes et tous les satyres avaient cette particularité de conserver leur beauté juvénile tout au long de leur vie. Davad, lui, ne s'était jamais considéré comme beau, il trouvait en effet la silhouette de Nayim, plus grand, plus fort que lui, et pourtant svelte bien qu'imposant, plus attirante que la sienne. Mais à en juger par les gloussements de certaines filles plus jeunes quand elles le voyaient, ou par le regard carrément aguicheur des femmes (ou hommes!) plus matures, il devait bien reconnaître qu'il devait être plutôt attirant, du moins, pour les humain(e)s, qui étaient certainement la race qu'il avait le plus cotoyé au cours de sa courte vie. Par contre, il avait croisé assez peu de nymphes, à part lors des réunions de familles de ses parents, et ses cousines, souvent plus âgées que lui, ne lui avaient jamais beaucoup adressé la parole. C'est pourquoi, même s'il s'en était préoccupé, ce qui n'était pas vraiment le cas en réalité, du moins pas en ce qui concernait son physique, il aurait été bien incapable de savoir quelle impression il donnait à son interlocutrice.

Imitant la jeune fille, il se leva lorsque celle-ci se présenta, et hocha la tête, en guise de bref salut, avant de répondre à son tour:

« Je m'appelle Davad, de la famille Nefeli, et je suis page au service de l'héritier du Duché de Volcabre, en Elenwë. »

Comme pour prouver ses dires, il désigna d'un geste sa livrée. Un pantalon bleu foncé et une chemise blanche à manches longues, au-dessus de laquelle était portée une tunique sans manche bicolore: une moitié était gris pâle, et l'autre bleu clair. Sur la poitrine du jeune homme, un écusson argenté brillait, montrant le blason de la famille qu'il servait: une élégante licorne se cabrant sur fond de tornade. Des bottes grises, flambant neuves, complétaient cette tenue. Un ceinturon soutenait une dague, elle-même également marquée aux armoiries de la famille de Volcabre. Davad, même s'il n'aimait pas particulièrement la coupe de sa tenue (trop serrée à son goût, rendant son allure encore plus gracile), en appréciait les couleurs, et était visiblement fier d'appartenir à la maison d'une si noble famille. Il faut dire qu'il y avait toujours été très bien traité, et qu'on y reconnaissait ses talents, tant comme premier serviteur du jeune Duc que comme poète en herbe, et que souvent, il avait d'avantage l'impression d'être en présence de sa propre famille qu'avec des maîtres en bonne et due forme.

Après cette courte présentation, il saisit une des malles de la demoiselle (que Nayim n'aurait pas hésité à qualifier, avec beaucoup d'ironie, de « demoiselle en détresse »), et après s'être orienté rapidement, se mit en route pour gagner le quartier de la Terre. Même s'il était incapable de s'y retrouver dans le quartier de Guerluse, qu'il jugeait bien trop compliqué, le quartier de Kanbonverka n'avait, lui, aucun secret pour le jeune homme, et il aurait été capable de s'y rendre quel que soit le point de départ (peut-être y avait-il d'ailleurs quelque chose à voir avec la magie élémentaire, ou le nombres important d'espaces naturels laissés dans cette portion de la Ville). C'est donc en ayant l'air plus sûr de lui qu'il put questionner la jeune fille, tout en se faufilant parmi la foule et en tentant, tant bien que mal, de la protéger des bousclades:

« Et qu'est ce qui vous amène dans la Ville, si ce n'est pas indiscret? Je croyais que la plus grande bibliothèque du monde se trouvait en Mynorie... »

Il finit par ajouter, avec un humour un peu hésitant:

« Vous n'avez quand même pas déjà tout lu? »

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Il semblait que la jeune dryade avait été mauvaise langue, le jeune satyre répondant au nom de Davad semblait finalement se montrer sûr de lui quand à la direction à prendre. Ainsi donc, il était au service de la noblesse. A vrai dire, Silane aurait pu le deviner à sa tenue aux armes de la famille qu’il servait, ainsi qu’à ses deux clous d’oreilles… si elle avait été un peu plus attentive. Après tout il fallait bien occuper les heures d’inactivité à la Bibliothèque, et les Chroniques Nobiliaires relatant l’histoire des principales familles des royaumes étaient un livre comme un autre, bien que très pratique en cas d’insomnie… Mais le devoir d’une bonne bibliothécaire était de pouvoir renseigner tout les types de clientèle du mieux possible, il fallait donc parfois faire des concessions. Et tenter de ne pas commettre d’impair en présence desdits nobles quand d’aventures ils se déplaçaient en personnes...

« Monsieur le page, ravie de faire votre connaissance. Etre au service de la noblesse doit être une belle chose, si les maîtres en valent la peine. J’espère pour vous que vous n’avez pas à vous plaindre des vôtres… Ne voyez là aucune offense de ma part, mais certains nobles croisés à la Bibliothèque m’ont laissés quelques à-priori plutôt négatifs, heureusement contrebalancés par le comportement des plus respectable d’autres… »

La dryade continuait de suivre son guide dans le dédale de rues, de ruelles et d’échoppes qui faisait l’âme de ce quartier apparemment dédié au commerce. Elle espérait fortement que le quartier de la terre était différent, plus aéré, moins étouffant et surtout moins fréquenté que celui-là. Silane n’aimait pas la foule, souvent hostile sans désirer l’être, cette foule qui jouait des coudes pour se frayer un passage, s’interpellait d’un bout de la rue à l’autre, se bousculait allègrement, cette foule qui avait sa dynamique propre et qui intégrait malgré eux une pauvre petite fille des arbres et un fils de l’air qui tentaient de se faufiler au milieu d’elle en évitant les coups.

D’ailleurs la dryade avait confusément remarqué que son compagnon essayait autant que possible de lui éviter les bousculades, ce dont elle lui était fort reconnaissante. A se demander tout de même comment ils arrivaient encore à se parler, mais pourtant… D’ailleurs le page venait de lui demander ce qu’elle pouvait bien en ville, sous-entendant avec humour qu’elle venait chercher ici de la lecture après avoir dévoré toute la Grande Bibliothèque. Songeant à la multitude de livres que l’on pouvait y trouver, elle éclata de rire.

« Mais c’est tout à fait ça, vous avez mis le doigt dessus… La bibliothèque ne m’offre plus aucun attrait, j’ai déjà lu et relu l’ensemble de ses rayonnages et je viens chercher en ces lieux de quoi nourrir mon esprit assoiffé de connaissances… »

Elle regarda son interlocuteur avec un de ses sourires chaleureux, histoire de lui assure qu'elle ne se moquait pas de lui, avant de reprendre la parole.

« Ca ne fait pas crédible ? Vous en êtres sûr ? Bon, j’ai des progrès à faire en théâtre alors… Non, évidemment que je n’ai pas lu toute la Bibliothèque, une vie entière n’y suffirait pas et je suis encore toute jeune. En plus je dois bien avouer que les ouvrages traitant de la meilleure manière d’obtenir les aveux de quelqu’un ou les ouvrage de stratégie militaire ne m’inspirent que très peu… Non, j’ai été envoyée ici par les dirigeants dans un but de repérage. Je dois voir s’il existe une bibliothèque ici et voir ce qu’elle contient, ou, le cas échéant, en ouvrir une de manière provisoire en attendant l’arrivée d’un groupe de fondateurs. Ce qui explique le poids de la malle que vous portez, entièrement remplie de livre en tout genre… Personnellement, j’aurais bien aimé qu’ils trouvent quelqu’un d’autre, mais je suppose que ça signifie qu’on me fait confiance en haut lieu… Enfin bref, me voilà, moi pauvre dryade, catapultée en plein milieu de cette grande ville tout juste sortie des flots… Voilà voilà, vous savez tout. »

Pendant cette discussion, ils avaient continué à avancer tant bien que mal et la fin du calvaire commençait à devenir visible, accompagné, du moins pour Silane, d’une odeur d’herbe fraiche très réconfortante. Ils allaient bientôt arriver, enfin… Vivement un peu de végétation. La dryade était impatiente de pouvoir sentir à nouveau la terre en elle. Mais en attendant…

« Et que fais donc un page ici ? Je suppose que vous avez suivi vos maîtres. Et, question importante matinée de déformation professionnelle, que fait un page pour occuper ses loisirs ? La lecture en fait-il partie ? Voir si je peux déjà compter sur un client… »

Tout en continuant à avancer (il lui semblait bien qu'ils arriveraient bientôt à l'entrée du quartier de Kanbonverka), Davad écoutait la réponse de la demoiselle. Il lui lança un regard aux yeux exorbités (pour rire, bien sûr) lorsqu'elle confirma ses paroles. Lire tous les livres de la Grande Bibliothèque (en fait on aurait du l'appeler la Gigantissime Bibliothèque, mais c'était certainement plus long et moins élégant, bien que plus représentatif...)

« Il me semble bien avoir déjà vu une bibliothèque... A moins que je ne confonde avec une des nombreuses librairies... A voir, donc... »

Il grimaça lorsque la « pauvre Dryade » se plaignit... Il avait eu exactement l'impression quelques mois plus tôt, et ne pouvait que compatir. Cependant, à mesure qu'ils avançaient, le sentiment d'opression du à la foule s'amenuisait. En effet, celle-ci devenait de moins en moins compacte, au fil de leur déplacement vers le quartier de la Terre. Ce fut donc sans risquer de se faire envoyer par terre par un passant plus fort que lui (comme les trois quarts des passants en fait) qu'il put se retourner vers la charmante Dryade (dont la valise pesait effectivement très, très lourd pour son pauvre petit bras qui même s'il était musclé n'en restait pas moins pauvre et petit) afin de lui répondre:

« Le page avait une mission ultra secrète... mais... chut...! »

Un petit clin d'œil malicieux mais hésitant, un sourire en coin, avant d'ajouter:

« Et pour occuper ses loisirs, un page, ça peut faire toute sorte de choses... Celui que vous avez sous les yeux présentement, il essaye plus ou moins d'écrire des poèmes... Il a même la chance que lesdits poèmes soient appréciés par Madame la Duchesse, parfois. Alors oui, un page, ça lit, et je viendrais surement faire un tour, si bibliothèque il y a, et surtout si c'est vous qui y travaillez! »

Pas d'inquiétude à avoir, Davad ne disait ça que par gentillesse, et aussi parce qu'entre nymphes et satyres, il était évident que la solidarité entre gens d'une même race était importante dans cette ville surpeuplée et tellement... tellement urbaine...

Finalement, tout en continuant à converser, ils arrivèrent dans un petit parc où coulait une fontaine, marquant une des entrée du quartier de la Terre. Sans pouvoir s'en empêcher, Davad respira à pleins poumons l'air mêlé d'odeurs de fleurs et de terreau, avant de se permettre un soupir de soulagement. S'il y avait eu ne serait-ce qu'un tout petit souffle d'air, il aurait certainement été au paradis...

Bibliothécaire Messages : 15

« Monsieur le poète, vous serez toujours le bienvenu dans mon modeste écrin de la connaissance et des belles paroles. En attendant d’y trouver la totalité de vos œuvres sous couverture de cuir fin lorsque vous serez devenu un maître dans cet art délicat… »

Continuant de deviser avec plus ou moins de sérieux de choses et d’autres, les deux jeunes gens finirent par arriver à destination : le quartier de la terre. Très accueillant dès son entrée d’ailleurs : un parc verdoyant, fleuri et semblant entretenu pour garder un certain côté sauvage sans pour autant gêner le regard ou la progression… L’herbe embaumait, les fleurs parfumaient l’atmosphère de leurs délicats parfums, l’eau d’une fontaine chantait doucement, les oiseaux se racontaient leurs vies et par-dessus tout la nature vivait. Comme si cet endroit était…

« Un instant de grâce perdu au milieu de la ville…. »

La dryade avait parlé tout haut, les yeux clos, la tête rejetée en arrière, laissant le soleil enfin perceptible caresser son visage et sa peau découverte. Elle était subjuguée par ce morceau de paradis, retrouvant enfin la nature terrestre même domestiquée après un long voyage sur la mer et ce périple en ville. Abandonnant là sa valise elle se laissa tomber de tout son long dans l’herbe haute, les bras en croix, les yeux toujours fermés. Elle était bien. Se souvenant tout de même qu’elle n’était pas seule, elle s’assit en souriant au page poète.

« Je crois que je devrai me plaire dans ce quartier, si il ressemble à cela… »

Bon, ce n’était pas tout, mais il lui restait encore à trouver la demeure que les dirigeants de la Bibliothèque avaient louée pour elle… Maintenant qu’elle était dans le bon quartier, ce serait simple, ils lui avaient fourni un plan en même temps que les clés. Donc finalement pas de soucis, elle pouvait encore lézarder au soleil un petit peu... sans oublier de remercier son charmant guide pour son aide.

« Je vous remercie de m’avoir aidée à arriver jusqu’ici et de vous être chargé de l’un de mes malles… C’était très aimable à vous de délaisser vos occupations pour m’accompagner, monsieur le page. Je pense que ça ira maintenant, ma demeure n’est plus très loin. Donc si vous avez des obligations, je ne voudrai pas vous… déranger … »

Silane espérait que ses paroles ne prêteraient pas à confusion. Elle ne voulait en aucun cas se débarrasser du jeune homme dont elle appréciait au contraire et la compagnie et la gentillesse, mais elle ne désirait pas non plus qu’il rencontre des difficultés pour cause de retard pas franchement motivé. Il l’avait déjà bien aidée, elle n’allait tout de même pas lui demander plus…

En attendant la réaction du satyre, elle se rallongea dans l’herbe, profitant de la légère connexion entre le tapis de verdure et son esprit pour récupérer du voyage et de l’incursion au cœur de la cité.

Sujet: Re: Tous les chemins mènent à Rome... ou pas! Jeu 17 Sep 2009 - 14:24

(désolée pour le retard!!!)

Davad inclina la tête gracieusement lorsque la nymphe lui assura qu'il serait toujours le bienvenu dans sa bibliothèque. Puis, ils arrivèrent devant un écrin de verdure, et eurent tous deux la même réaction. Ils étaient des créatures de la nature, même s'ils n'appartenaient pas au même élément. Ils se comprenaient sur bien des points. Il lui sourit, heureux de partager ce moment avec une de ses semblables. Il la laissa s'étaler dans l'herbe, mais ne la rejoignit pas, de peur de tacher sa livrée. Après tout, il ne devait pas oublier sa première mission, sans quoi il ne serait pas un serviteur digne de ce nom. Pas que Davad aime la vie domestique, en soit, mais il avait la chance d'avoir un travail stable, il était logé, nourri, blanchi, le tout confortablement et avec un salaire honorable, chez des gens intéressants qui lui servaient également de mécènes, il se voyait mal se plaindre, et espérait bien garder sa place le plus longtemps possible.

Les paroles de Silane ne furent donc pas mal interprétées par le satyre, qui lui même, après cette charmante rencontre, se devait de reprendre la mission que lui avait confié son maître à l'endroit où il l'avait laissée, c'est à dire le point de départ: trouver cette fichue armurerie. Cependant, il ne fit pas part de ses inquiétudes à sa compagne, et se contenta de prendre congé avec un sourire et une légère courbette:

« Vous ne me dérangez pas, ce fut un plaisir de vous rendre service. Toutefois, il se trouve que oui, j'ai des obligations, et si je ne me dépêche pas je risque de me faire tirer les oreilles »

Une grimace amusante contredit immédiatement la gravité de ses propos. Après une hésitation, il ajouta:

« Mon maître loge dans la rue de l'Alizée, un grand hôtel aux murs bleus, si jamais vous avez besoin de quoique ce soit... ou dans l'hypothèse improbable selon laquelle vous voudriez me revoir... »

Aussitôt sa phrase achevée, se sentant rougirde son audace et de son humour plus qu'approximatif, il se détourna en essayant de se concentrer sur la course qu'il avait à accomplir: mais où était donc cette fichue armurerie???

Bibliothécaire Messages : 15

[ pas de problèmes ^^]

Voyant son guide s’éloigner vers ses obligations de service, Silane s’empressa de saluer le jeune homme aux joues légèrement rougies par ce qui semblait de l’embarras.

« Je saurais me souvenir de cette adresse, monsieur le poète ! Peut être verrez vous un jour des livres venir à vous, sait-on jamais ? On ne sait jamais ce qui leur passe par la tête à ceux là… A une prochaine rencontre, puisse les éléments vous protéger !»

Laissant le satyre partir, la fille des arbres et des livres se rallongea dans l’herbe et laissa le temps s’écouler lentement, se contentant de sentir la végétation sous son corps et de se laisser bercer par le chant des oiseaux qui hantaient les cieux, gardant tout de même un œil sur ses affaires. Autant éviter de se faire dévaliser à peine arrivée n’est ce pas ?

Silane finit cependant par se relever, bien qu’assez à contre-cœur, et récupéra ses bagages, avant de sortir le plan sommaire du quartier qui lui avait été remis à son départ de la Bibliothèque. Il ne restait plus qu’à le déchiffrer et trouver ce qui serait sa petite maison pour la durée de son séjour…

"Haut les coeurs, le plus dur est fait... Et cette nuit, je vais enfin pouvoir dormir dans un vrai lit, pas une de ces couchettes inconfortables que tout navire digne de ce nom se plait à offrir à ses hôtes..."

[vers... oh sans doute quelque part, mais où ... ]