Orchidée [boutique de vêtements]

L'homme sembla réfléchir un instant. Oui, je le savais, j'étais un peu -très- embêtante avec mes questions impossibles. Mais j'étais comme ça, et la curiosité c'était naturel, chez moi... Il finit par ouvrir la bouche pour déclarer :

-Ce que tu es à mes yeux ? Eh bien l'une des plus belles et des plus sensuelles femmes qu'il m'ait été donné de passer quelques instants intimes. Et je sais également que ces instants trop brefs comptent parmi les plus agréable de ma vie.

C'était très joliment dit. Il devait être habitué à ce genre de... fréquentation. Mais j'étais loin d'être une "femme de la rue" ! Légèrement humiliée, je haussai tout de même les épaules. Je ne savais pas si je devais continuer à l'embrasser ou bien retourner attendre patiemment que le déjeuner soit servi.
Il allait être déçu si je choisissais la deuxième option. Mon côté machiavélique et sadique commençait à ressortir. "Non, Endy, pas dans ces moments là !" marmonnai-je à voix très basse.
Même si le contact physique était agréable, j'aurais aimé le connaître encore un peu, moi... Je me penchai de nouveau sur lui et l'embrassai encore. Ses mains se reposèrent sur mes hanches et je sentis une étrange sensation... Je lui attrapai la main droite et lui montrai du doigt :

Pourquoi as-tu un morceau d'étoffe dessus ?

Oui, à voir la tête que faisait Arleth, j'avais la confirmation de ce que je craignais : ma curiosité me perdrait, un jour... c'était sur et certain...

Mouais, sa réponse n'avait pas fait aussi bonne impression qu'il espérait, peut-être un peu trop Casanova. Toujours est-il que ça n'avait pas repoussé l'elfe qui l'embrassa à nouveau. Il posa à nouveau ses mains sur les hanches de Endërya mais celle-ci eut un mouvement de recul et arrêta de l'embrasser puis Elle saisit sa main droite.

Pourquoi as-tu un morceau d'étoffe dessus ?

Et elle recommençait avec ses questions incessantes. Bon, en y réfléchissant ça faisait aussi partie de son charme mais quand même, elle pouvait pas attendre qu'ils soient en train de manger. Enfin bon, il fallait bien qu'il y réponde et il se pencha donc sur la question. Il ne portait que son gant habituel sur la main droite, rien de particulier et il se demandait ce qui pouvait bien l'intriguer alors qu'elle n'avait posé aucune question sur sa main gauche. Il retira alors son gant et le posa sur sa veste, révélant une main parfaitement normale.

-Je porte ce gant juste parce que c'est joli, voilà tout. C'est vrai que d'habitude je le pose quand je ne porte plus ma veste mais cette fois j'avais oublié, sans doute ta présence qui me perturbait, rigola-t-il.

Puis il recommença à l'embrasser, tout en lui caressant les cheveux de sa main normal.

Je n'aurais jamais du poser la question. Après, on se demande pourquoi je suis souvent seule ? Parce que d'abord j'aime la solitude et ensuite... Parce que personne ne pourrait supporte une sale fouine curisue tellze que moi. Je baissai le syeux, honteuse? j'en avais marre de moi même; Le pauvre Arleth, comment faisait-il pour me supporter ? Comment u assassin pouvait-il supporter et garder sa patience avec une elfe fouine et embêtante ? C'était vraiment une question très intéressante. Peut-être parce qu'Arleth était un assassin doué de patience -étonnant, non ?-. Peut-être tout simplement parce qu'il ne me connaissait pas assez pour savoir que je pouvais être encore plus insupportable que maintenant.
Il regarda son gant et le retira, tout simplement, faisant apparaître une main tout à fait normale. Comment se faire ridiculiser par Endy El'Undril. je n'étais vraiment qu'une sale elfe ratée.
Cependant, il ne sembla pas remarquer le rouge qui me montait aux joues et me répondit, tout simplement :

-Je porte ce gant juste parce que c'est joli,
voilà tout. C'est vrai que d'habitude je le pose quand je ne porte plus
ma veste mais cette fois j'avais oublié, sans doute ta présence qui me
perturbait.

Je devais prendre ça pour un compliment ou pour autre chose ? Toujours était-il qu'il se remit à m'embrasser en caressant mes cheveux.
Soudain, un bruit sourd me fit sursauter. Je relevai la tête et identifiai ce bruit comme quelqu'un qui frappait à la porte pour nous apporter à manger. Je partis m'assoir à ma place et annonçai d'une voix claironnante :

Entrez !

Une femme apporta les mets et les posa délicatement sr la table, avant de revenir avec la boisson. Puis, elle partit, en refermant la porte derrière elle.

Ysmir quitta avec regret le contact avec Endërya. Mais bon la nourriture venait d'arriver et on ne faisait pas attendre de si succulents plats. La serveuse déposa d'abord le magret destiné à Endërya et ensuite le plateau de viande diverses d'Ysmir. Puis elle apporta les deux verres d'alcool. Ysmir regarda pendant un moment son plateau, le détaillant comme à son habitude, et inspirant à grand nez l'odeur de la bonne viande vérifiant par la même l'absence de poison (ou tout du moins des poisons qu'il connaissait à l'odeur). Il avait une dizaine de tranches de boeuf, autant de tranches de saumon et encore dix tranches de poulet. Peu de variété mais à force les cuisiniers connaissaient ses goûts. Il avait également à disposition un bol de sauce épicée et un bol de riz.
Il saisit une des tranches de poulet qu'il déposa sur l'ardoise dans la cheminée. Puis il en saisit une autre de boeuf qu'il fit juste légèrement cuire de façon à garder une viande saignante. Puis il coupa la viande en petit bout avec l'aide d'une de ses dagues, qu'il dégaina rapidement de sa veste à terre. Puis il piqua l'un des morceaux avec la pointe et le trempa dans la sauce avant de l'engloutir. Après avoir avalé il entama la discussion.

-Dis-moi, tu ne m'a pas du raconté ce qui t'as amené à la Ville. Et je dois avouer que c'est un sujet qui m'intéresse beaucoup concernant n'importe qui.

Ysmir attendit la réponse de sa compagne, espérant de tout coeur ne pas ravivé de souvenir douloureux.

Arleth s'assit en face de moi et commença à couper sa viande (ou plutôt ses viandes) avec sa dague. Bon, d'accord, c'était assez explicite : Il fallait éviter que je me fasse dévorer par lui, le grand carnivore durant l'un de nos baisers passionnés. Il mangea quelques morceaux (ou plutôt il engloutit) et démarra la conversation :

-Dis-moi, tu ne m'a pas du raconté ce qui t'as
amené à la Ville. Et je dois avouer que c'est un sujet qui m'intéresse
beaucoup concernant n'importe qui.

Mon morceau de magret de canard resta coincé dans ma gorge. Je toussai, mangeai du pain et bus du vin rouge. Il voulait savoir ? Il serait servi. Maintenant, il fallait que je lui explique que je n'aimais pas les gens comme lui, mais qu'il était différent... J'aurai surement l'air cruche... Tant pis. Je répondis, sur un tno très calme, pour éviter de le faire fuir :

Hem... et bien en fait... Je n'aime pas les assassins. Généralement je les tue. Mais crois moi ce serait dommage d'abimer un si joli visage.

Voilà, maintenant, il ne restait plus qu'à espérer qu'il comprenne. Je ne lui voulais aucun mal, au contraire. Je continuai sur ma lancée :

Et bien, ma mère et mon meilleur ami se sont fait assassinés par mon père et ses amis, des assassins, des chasseurs. lors, je suis revenue en ville, dans l'espoir de les retrouver. C'est pour ça que je connais l'Ombre Mortelle, j'ai souvent fréquenté ton milieu.

Je repris une bouchée de magret de canard.

Ysmir leva un sourcil à l'évocation du meurtre des assassins et du compliment à peine voilée qu'elle venait de lui faire. Tant qu'elle ne voulait pas le tuer lui il se fichait pas mal qu'elle aime ou pas les assassins, la plupart n'était effectivement que des raclures de premier ordre assoiffé de sang et de mort. Bien sur il aimait bine tuer, mais il ne faisait certainement pas ce métier pour ça.

Et bien, ma mère et mon meilleur ami se sont fait assassinés par mon père et ses amis, des assassins, des chasseurs. lors, je suis revenue en ville, dans l'espoir de les retrouver. C'est pour ça que je connais l'Ombre Mortelle, j'ai souvent fréquenté ton milieu.

Bon bah raté, les souvenirs douloureux étaient au rendez-vous finalement. A croire que sa vie n'était qu'un gigantesque océan de douleur. Ce qui 'était peut-être pas si loin que ça de la vérité tout compte fait.

-Ça m'étonne que tu es cru à mon existence, pour la plupart de ces abrutis qui forment la pègre je ne suis qu'une légende, une ombre furtive que bien peu peuvent se vanter d'avoir déjà vu l'incarnation de leurs ambition à tous. Une chimère. Et je m'en porte bien mieux d'ailleurs, une fois que vous êtes trop doués y a toujours des fous pour venir vous défier dans le but de gagner en renommée. Pas que je risque de mourir mais c'est chiant à la longue.

Ysmir avait prononcé tout ça sur une voix neutre, montrant ainsi tout le désintérêt qu'il avait pour la pègre des basses classes.

-Tu penses rester combien de temps en Ville au juste ?

Il avait cette fois un ton beaucoup plus joyeux, plus entrainant.

-Ça m'étonne que tu es cru à mon existence, pour la plupart de ces abrutis qui forment la pègre je ne suis qu'une légende, une ombre furtive que bien peu peuvent se vanter d'avoir déjà vu l'incarnation de leurs ambition à tous. Une chimère. Et je m'en porte bien mieux d'ailleurs, une fois que vous êtes trop doués y a toujours des fous pour venir vous défier dans le but de gagner en renommée. Pas que je risque de mourir mais c'est chiant à la longue.

Arleth venait de dire ça sur un ton n'exprimant aucun sentiment, comme s'il était blasé, comme si passer à côté de la mort était habituel. Il avait l'air de snober la pègre, d'avoir du mépris à l'égard de tous ces gamins de rue qui tentaient tant bien que mal, de vivre malgré leur maigres moyens.
Mais bon, je pouvais le comprendre. moi aussi j'en aurais certainement marre d'être pourchasser, juste parce que je suis "célèbre"... Enfin, célèbre à cause de tout mes assassinats, ce qui, me semblait-il était très peu flatteur. Je pensais ça, mais je me vantais d'avoir tuer beaucoup d'hommes dans ma vie...
Arleth reprit, sur un ton plus joyeux :

-Tu penses rester combien de temps en Ville au juste ?

Ouille... Que devais-je répondre ? Qu'est ce que ces paroles sous entendait ? Y avait-il un message ou était ce juste par simple curiosité ?
Je me mordis la lèvre inférieure, soucieuse de ce que j'allais répondre. Que devais-je dire exactement ? Quelle réponse atetndait-il ?
J'optai pour la vérité, après tout, il n'y avait rien à perdre à être honnête... Peut-être si, en compagnie d'un assassin...

Et bien, j'ai un petit logement en ville... A vrai dire, je me balade, je fouille un peu toutes les pistes. Quelques fois je suis amenée à me déplacer sur les autres continents... Non, je ne sais pas... Disons que j'habite en ville mais que je voyage souvent.

Avais-je donné la réponse qu'il espérait...? Ou pas ?

Ysmir hocha la tête à la réponse de Endërya, ils pourraient donc facilement se revoir. Il voyageait lui aussi beaucoup de toute manière, et avait à force obtenu beaucoup de moyens rapides, surs ou facilement disponible pour se déplacer entre les continents. Jamais les trois malheureusement. Mais bon il se débrouilleraient bien. Et dans le pire des cas ils ne se revoyaient quasiment pas, il avait de toute façon l'habitude, à force.

-Très bien, de toute façon je voyage moi aussi énormément, les besoins du travail. Et de quelques recherches personnelles aussi, une vieille affaire quasiment enterré. Mais si tu habite à la Ville, on pourra sans doute se revoir de temps en temps, je loge principalement ici, pas toujours au même endroits mais bon ça reste facilement repérable généralement.
Et sinon, que pense-tu de ce restaurant ?

Très bien, de toute façon je voyage moi aussi énormément, les besoins du travail. Et de quelques recherches personnelles aussi, une vieille affaire quasiment enterré. Mais si tu habite à la Ville, on pourra sans doute se revoir de temps en temps, je loge principalement ici, pas toujours au même endroits mais bon ça reste facilement repérable généralement.

Oh, oui, cela me ferait énormément plaisir de le revoir ! Pour une ois que je rencontrais un homme, un vrai, capable de m'accepter ma curiosité et mon don d'énervement. J'en étais toute bouleversée.
Arleth reprit :

Et sinon, que pense-tu de ce restaurant ?

Je réfléchis un instant avant de lui répondre, sur un ton on ne peut plus "sensuel" :

Et bien, je pense que c'est un très bon choix. La cuisine est excellente et l'intimité... Très bien gardé.

Sur ce je lui fis un clin d'œil et reportai mon attention sur mon assiette. Je n'avais pas encore fini et il me restait quelques morceaux de magret de canard. Je repris ma fourchette et coupai un morceau du reste, avant d l'enfourner dans ma bouche et de le gober majestueusement. je n'aurais pas du l'avaler si vite, ce n'ets pas tous les jours que l'on mange une aussi bonne cuisine en aussi bonne compagnie ! pensai-je, rêveuse.
Je déclarai finalement :

Moi, ça me ferait plaisir que l'on se revoit...

Ysmir sourit à la remarque d'Endërya sur l'intimité de ce restaurant. Elle n'imaginait même pas à quel point elle avait raison, vu qu'il avait patiemment tissé depuis très longtemps une isolation sonore dans les compartiments, qu'il réactivait à chaque fois qu'il venait en si charmante compagnie, histoire d'être tranquille.

Moi, ça me ferait plaisir que l'on se revoit...

Hum, peut-être une confidence à demi-mot, mais peut-être pas, et vu le tempérament de la demoiselle il n'allait pas risquer quelque chose sans avoir des certitudes un peu plus grandes que de simples suppositions bancales.
Il faudrait qu'il passe à la Fleur de Rose bientôt, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas fait la fête, un peu de détente lui ferait le plus grand bien après tout.

-Moi aussi j'aimerais bien qu'on se revoie, si jamais tu veux que ça arrive tu n'as qu'à essayer de murmurer mon nom à la lune, paraît que les satyres sentent quand on les appellent de cette façon et je pourrais le vérifier moi même comme ça.

Il avala rapidement sa dernière tranche de viande et but une gorgée de scotch. Le liquide alcoolisé coula dans sa gorge, répandant le goût et la sensation de l'alcool dans son corps. Pas à dire, c'était une bonne boisson.

-Moi aussi j'aimerais bien qu'on se revoie, si jamais tu veux que ça arrive tu n'as qu'à essayer de murmurer mon nom à la lune, paraît que les satyres sentent quand on les appellent de cette façon et je pourrais le vérifier moi même comme ça.

Il but une gorgée d'alcool. Il avait l'air d'aimer ça. Il était surement ce genre de petit fêtard qui trainent les rues le soir. e n'avais jamais essayé, ça pourrait être amusant...
Il venait de dire "parler aux étoiles" ? C'était invraisemblable, mais assez romantique. Moi qui avais eu l'habitude d'être seule, voilà que l'on me proposait de parler aux étoiles pour se contacter ! N'était-ce pas formidable ?
Cependant, je doutais fort que ça marche. Mais les déesses existaient, c'était sur et certain. Peut-être qur ça pourrait marcher son truc... Mais je n'y croyais pas vriament. Je lui demandai, sur un ton propre à moi même, c'est à dire, sur un ton très curieux :

Tu es sur que ça marche ? Parce que, ça semble bizarre comme technique... Tu sais, au pire, on s'envoie un messager, c'est beaucoup plus simple.

Ben oui, valait mieux s'appuyer sur quelque chose de sur. Franchement, je ne me voyais pas du tout parler aux étoiles. Qu'auraient pensé les passants ? Non, les passants, on s'en fiche, de toute façon, le premier qui se serait moqué, il serait vite mort.
Je toussotai et finis mon assiette.

Ysmir eut un grand sourire à la remarque d'Endërya. Bien sur que ça ne marcherait pas, ce monde avait eau être imbibé de magie à la con fallait pas non plus déconner. Mais bon c'était marrant comme truc, puis t'avais toujours l'air moins con à parler à la lune qu'un un caillou, un rocher ou au vent. Encore le feu avait son charme également.

-Non, je suis quasiment certain que ça ne marche pas d'ailleurs mais bon, de toute manière comment veux-tu qu'on se connecte autrement, je n'ai quasiment aucun point d'attache connu, donc il est impossible qu'un éventuel coursier ou autre me trouve – c'est d'ailleurs le but – et toi aussi tu est apparemment très difficilement joignable par lettre et autre.
Donc à moins que tu n'es une solution miracle ça reste le seul moyen qui peut potentiellement marcher.

Il but une autre gorgée de scotch, il n'avait pratiquement pas touché à son verre depuis le début du repas.

Arleth me sourit. Sûrement pensait-il lui aussi que parler à des étoiles ne marchait absolument pas et que c'était tout simplement une anecdote sur les satyres, rien de bien intéressant ni de vriament réel. En même temps, qui croirait des choses aussi absurdes . Un imbécile totalement à côté de la plaque, sans doute... Ce qui n'était pas mon cas. Enfin, je l'espérais...
Il me répondit, sur un ton tout à fait charmeur (comme d'habitude) :

-Non, je suis quasiment certain que ça ne marche pas d'ailleurs mais bon, de toute manière comment veux-tu qu'on se connecte autrement, je n'ai quasiment aucun point d'attache connu, donc il est impossible qu'un éventuel coursier ou autre me trouve – c'est d'ailleurs le but – et toi aussi tu est apparemment très difficilement joignable par lettre et autre.
Donc à moins que tu n'es une solution miracle ça reste le seul moyen qui peut potentiellement marcher.

Il but une gorgée d'alcool apparemment fort. Son verre était encore plein, ce qui m'étonna fortement, lui qui semblait vraiment aimer l'alcool. Beurk !
j'eus une pensée triste à la suite de ce qu'il venait de dire. je baissai la tête. S'il n'était pas joignable et que le truc des étoiles, nous n'allions pas se voir.
Je lâchai un :

Dommage...

La voix de l'elfe était si apitoyante qu'Ysmir ne put s'empêcher d'éprouver un pincement au coeur en l'entendant. Il tendit un bras et lui caressa délicatement le joue de sa main normale, redressant délicatement sa tête.

-Ne t'en fais pas, tu n'es peut-être pas joignable mais tu dois bien savoir que personne ne peut réellement m'échapper.

Il avait dit cela sur le ton de la rigolade, mais au fond de lui c'était plutôt une inquiétude qui régnait. Car malgré sa réputation d'assassin et son Don il avait déjà perdu une piste, une seule et unique, celle de l'homme en noir.
Il saisit machinalement son amulette de sa main gantée, se rappelant douloureusement le jour où il avait récupérer l'éclat de cristal qui y était incrusté.

-Ne t'en fais pas pour ce qui est de se revoir, je saurais où tu es à chaque instant tant que tu resteras dans la Ville. Ton coeur ne te trahiras pas.

Sous cette apparente figure romantique se cachait en fait la stricte vérité, son Don lui permettrait de la retrouver tant qu'elle n'était pas sur un autre continent.

Il me caressa délicatement la joue et me redressa la tête, de façon à ce que nos regards puissent se croiser. Je plongeai mes yeux dans les siens, sombres, si beaux...

-Ne t'en fais pas, tu n'es peut-être pas joignable mais tu dois bien savoir que personne ne peut réellement m'échapper.

Il avait dit ça en plaisantant, ce qui me vexa un peu, dans le fond. J'aurais pensé qu'il serait plus triste que ça, mais apparemment non. Que penser dans ce cas ? Comment devais-je réagir ? Je ne voulais pas lui montrer ma déception, je ne voulais pas qu'il perçoive ma tristesse... Et pourtant.. Pourtant je savais que ce serait impossible à dissimuler. Je ne voulais pas lui faire de peine, surtout pas.
Il continua, sur un ton qui me réconforta un peu :

-Ne t'en fais pas pour ce qui est de se revoir, je saurais où tu es à chaque instant tant que tu resteras dans la Ville. Ton cœur ne te trahiras pas.

Oui, il était marrant, lui. Comment comptait-il s'y prendre ? On allait faire de la télépathie? Mais oui, bien sur... Curieuse comme je l'étais je ne pus m'empêcher de demander :

Ah oui, et comment compte-tu t'y prendre ? Tu va me faire suivre ?

Un sourire insolent éclaira mon visage auparavant triste.

Ysmir regarda naître le charmant sourire de Endërya sur son visage, même s'il recélait cette fois un air plus insolent qu'à l'accoutumé. Elle ne le croyait pas de toute évidence.

Ah oui, et comment compte-tu t'y prendre ? Tu va me faire suivre ?

Ça se confirmait, elle ne le croyait pas.
Mais il était confronté à un terrible dilemme, même ses plus proches collaborateurs n'étaient pas au courant de son Don, c'était son secret le plus absolu, celui qui lui avait tant de fois permis de remporter la victoire. Le dévoiler à Endërya était incroyablement risquer. Non, il ne pouvait pas le faire.

-Disons que je dispose de plusieurs informateurs très compétents, et de plus tu n'es pas exactement du genre à passer inaperçue.

Voilà, ça conviendrait bien, il le fallait, même si elle le prendrait mal surement.

-Mais plutôt que de nous soucier du futur, savourons l'instant présent !

Sur ces mots il vida d'une traite son verre d'alcool, savourant le goût du breuvage et sentant immédiatement l'alcool lui monter à la tête, une sensation à laquelle il était habitué depuis le temps qu'il buvait.

Arleth sembla réfléchir un instant, comme s'il préparait une réponse.

-Disons que je dispose de plusieurs informateurs très compétents, et de plus tu n'es pas exactement du genre à passer inaperçue.

Alors, mensonge ou vérité ? Je fronçai les sourcils. Comment ça "inaperçue" ? Le jour où je l'avais rencontré, j'avais juste tué un homme, rembarré un paladin... Oui, effectivement, ce n'téait pas très discret. Je soupirai. Bon, à l'évenir, je ferais un peu plus attention, là, ça n'allait pas le faire...
Je reportai son attention sur mon interlocuteur. Visiblement, il s'apprêtait à répondre.

-Mais plutôt que de nous soucier du futur, savourons l'instant présent !

Sur ce, il finit son verre d'alcool. Je levai les yeux au ciel. Comment pouvait-il avaler une horreur pareille ? Je portai mon attention sur le reste de mon assiette et entrepris de la finir, ainsi que mon verre de vin rouge. Un fois la coupe reposée sur la table, je me levai et me dirigeai vers Arleth.
Profiter du moment présent, avait-il dit ?

Ysmir remarqua que l'elfe leva les yeux au ciel quand il but. Elle ne comprenait visiblement pas l'intérêt qu'il portait à la boisson. Le jour où elle aura assez bu pour se retrouver à danser la salsa sur le toit d'une cheminée devant une dizaine de garde dubitatif qui veulent vous faire redescendre elle comprendrait ce que l'alcool pouvait apporter de bon. Ou alors elle se briserait la nuque, c'était à voir selon certain paramètres.
Toujours est-il que quand elle eut finit son assiette elle se leva et s'approcha de lui.
Aurait-elle décidé de le prendre au mot ? En tout cas il l'espérait de tout coeur.
Il lui tendit ses deux mains qu'elle attrapa délicatement. Il se laissa alors à nouveau tomber en arrière, l'entraînant avec lui.
Ils se retrouvèrent à nouveau l'un sur l'autre, allongés au sol. Il l'embrassa passionnément, d'une manière bien plus intense et enivrante que précédemment.
Ils restèrent enlacés ainsi environ cinq minutes avant qu'un grand bruit ne se fassent entendre depuis la salle principale du restaurant. Apparemment y avait de l'agitation.
Presque aussitôt quelques coups brefs furent toqués à la porte du compartiment. Ysmir se dégagea de Endërya et se récupéra sa veste, et son katana, dès fois qu'il ait à s'en servir.
Presque aussitôt la porte s'ouvrit et un milicien apparut dans l'encadrement.

-Arleth Vann ?
-Oui.
-Vous êtes en état d'arrestation pour trafic de substances illicites. Veuillez nous suivre sans résistance d'aucune sorte.
-J'ai le droit de protester ?
-Pas encore.
-Bon.

Ysmir quitta le compartiment et fut aussitôt pris en charge par deux miliciens qui l'emmenèrent à l'extérieur du restaurant.
Il remarqua du coin de l'oeil un homme vêtue d'une cape qui discutait avec ce qui semblait être le chef.
Indicateur repéré, plus qu'à ce sortir de là. En espérant que Endërya ne tente rien de trop dangereux.

Arleth et moi roulâmes au sol pour un baiser plus enflammé que le premier. Il dura quelques bonnes minutes. Puis, des coups furent frappés à la porte. Mon compagnon alla ouvrir et un groupes de personnes armés entra. Que voulaient-ils ? Que faisaient-ils ?
Puis, tout s'enchaina très vite. Trop vite.

-Arleth Vann ?
-Oui.
-Vous êtes en état d'arrestation pour trafic de substances illicites. Veuillez nous suivre sans résistance d'aucune sorte.
-J'ai le droit de protester ?
-Pas encore.
-Bon.

Ils croyaient vraiment que j'allais LE laisser partir, comme ça, sans un mot ? Je m'en fichais totalement pourquoi il se faisait arrêter. Quelle importance ? Ils sortirent dehors et j'attendis qu'ils eurent tournés au coin de la rue pour sortir à mon tour. Je les suivis un moment, puis dégainai mon épée.
Je me plantai devant eux, immobile, impassible. Puis je crachai sur un ton méprisant propre à mon peuple elfique :

Vous l'emmenez où comme ça, hein ? Vous n'êtes que des gros lards puants ! Allez, dégagez de là où vous êtes sûr de.. perdre la tête...

Ysmir souffla en voyant l'elfe prendre la pose la plus menaçante possible en tenant compte de sa stature un peu frêle, et se planter devant ses futurs geôliers. Un geste parfaitement inutile, Endërya avait beau être surement talentueuse elle ne ferait certainement pas le poids face à toute une escouade de miliciens.
Sauf s'il l'aidait, mais pour l'instant il avait les mains liés, ce qui n'était pas une position très avantageuse lors d'un combat. Il aurait pu en battre un, peut-être deux, mais pas tous avec seulement les jambes en guise d'armes. Mieux valait régler ça d'une manière moins violente.
Il pouvait très bien se rendre invisible et courir aussi vite que possible, ça marcherait et c'était son plan initial, mais ça ne mettrait pas en sécurité Endërya.
Il opta donc pour une technique moins coûteuse en énergie mais aussi moins efficace.

Il concentra un maximum d'énergie magique et la relâcha sous forme d'un son strident sur l'endroit où se trouvait les gardes. Si le son ne fut pas très coûteux, l'empêcher d'atteindre l'elfe le fut nettement plus.
Toutefois l'effet fut assez efficaces car un ou deux gardes tombèrent au sol tandis que les autres se bouchaient les oreilles et relâchèrent leur concentration.

Ysmir se mit alors à courir le plus vite possible malgré ses mains toujours liés, lançant au passage un ''Cours !'' à l'elfe qui ne comprenait pas vraiment ce qui s'était passé.

Arleth, à l'autre bout de la rue, sembla faire la moue. Je me retins de lui lancer un "t'es pas content de me revoir ?" furieux, mais me retins de justesse. Rester calme. Non, finalement, j'aimais bien m'énerver lorsque j'en avais envie, et là, j'étais en colère. Il n'avait pas intérêt à m'énerver, celui-là !
j'inspirai profondément en fermant et lorsque je les rouvris, Arleth n'étais plus vraiment là. Stupéfaite, je me retins de crier mon étonnement et me repris. Deux gardes tombèrent. Pourquoi ? Aucune idée. A dire vrai, je n'avais pas vraiment tout suivi...
Le jeune noxiliade passa devant moi en courant et m'intima un "Cours!". Sans réfléchir, je me mis à le suivre, sans vraiment savoir où nous allions.
Puis, au bout d'un moment, au coin d'une ruelle, il sembla que nous avions semés les gardes. Pas très efficaces. Enfin, apparemment. Je sortis ma dague et coupai les liens qui retenaient les liens d'Arleth et déclarai sur un ton amusé :

C'est quoi cette histoire ?

Puis, j'éclatai de rire.

Ysmir avait couru jusqu'à semer les poursuivants, en se réfugiant dans une ruelle. Puis Endërya lui coupa ses liens rapidement.

C'est quoi cette histoire ?
-Surement quelqu'un qui a voulu m'éliminer et a chargé un agent de le faire. Celui-ci aura monté une petite combine pour que la milice vienne m'arrêter et espérait ainsi s'épargner le sale boulot. Comme tu as pu le voir il m'en faut plus pour m'impressionner.

Il réfléchissait. C'était pas normal, il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond, n'importe qui le connaissant de réputation aurait su qu'il n'y avait aucune chance que ce plan ridicule ne fonctionne. Il n'aurait su dire quoi mais quelque chose clochait, et c'était gênant.

-Un petit détail, ne refait plus ce genre d'intervention héroïque s'il-te-plaît, je sais que tu ne voulais que mon bien mais ça me gêne plus que cela ne m'aide, et ce n'était pas une ridicule escouade de la milice qui aurait pu m'arrêter de toute façon.

Non, vraiment il fallait qu'il sache, il allait mener sa petite enquête sur l'avorton qui avait osé essayer de le faire arrêter. Une traque s'annonçait, ça faisait longtemps (bon, deux jours et encore, mais c'était déjà pas mal).
Le seul problème c'était que traque voulait également dire au revoir. Et il n'était pas très doué pour les au revoir. Pourtant il allait bien falloir.

-Écoutes moi, je dois aller chercher le type qui m'a vendu, et m'occuper de son cas pour qu'il ne recommence pas. Et je dois y aller seul.
Donc... au revoir.

-Surement quelqu'un qui a voulu m'éliminer et a chargé un agent de le faire. Celui-ci aura monté une petite combine pour que la milice vienne m'arrêter et espérait ainsi s'épargner le sale boulot. Comme tu as pu le voir il m'en faut plus pour m'impressionner.

Arleth s'arrêta un instant, sembla réfléchir intensément. Oui, en effet, ce n'était pas la milice qui était impressionnante, mais lui qui était impressionnant. Et c'était la première fois que je pensais ça de quelqu'un. Sans commentaires.

-Un petit détail, ne refait plus ce genre d'intervention héroïque s'il-te-plaît, je sais que tu ne voulais que mon bien mais ça me gêne plus que cela ne m'aide, et ce n'était pas une ridicule escouade de la milice qui aurait pu m'arrêter de toute façon.

Ben voilà comment on me remerciait. Je faillis lui lancer un "Hé ho, la ferme, c'est moi qui t'ai coupé tes liens", mais me dis que, finalement ça n'aurait servi à rien. Provoquer un assassin réputé n'était pas une très bonne chose. Même s'il m'avait vexé et qu'il le méritait. Il méritait même que je lui crache dessus et que je lui plante mon épée au travers du corps. Mais encore une fois, je n'en fis rien. Je me contentai d'afficher une mine boudeuse. Mine qu'il ne remarqua même pas tellement il était perdu dans ses réflexions stupides.
Au bout d'un moment, il "revint parmi nous" et après m'avoir regarda un instant il décréta :

-Écoutes moi, je dois aller chercher le type qui m'a vendu, et m'occuper de son cas pour qu'il ne recommence pas. Et je dois y aller seul.
Donc... au revoir.

Et il tourna les talons. Mais quel culot ! Je ne pouvais pas le laisser partir comme ça, sans lui avoir dis au revoir...
Je courus à sa suite et ma plantai devant lui, le visage grave.

Attends ! Arleth... fais attention à toi.

Je l'attirai contre moi et l'embrassai, une dernière fois. Puis, le cœur serré, je le regardai s'éloigner...

Spoiler:

Ysmir s'apprêtait à repartir quand il entendit Endërya l'appeler. Il se retourna, presque content d'être un peu retenu.

Attends ! Arleth... fais attention à toi.

Il se retourna et elle l'étreignit, l'embrassant, peut-être pour la dernière fois. Il se dégagea délicatement de son étreinte et courut vers la façade la plus proche. Une fois à son pied il sauta, agrippa un rebord de fenêtre sur lequel il monta pour se suspendre à un balcon, qu'il escalada à son tour avant de s'accrocher à un fanion et d'atteindre le toit. Le tout en une dizaine de secondes.
Une fois en haut il fit un dernier signe de main à Endërya avant de s'élancer le long du toit. Il sortit dans le même temps son masque de la poche et le plaqua sur son visage.
L'Ombre était en chasse.