Marchandage & Escroqueries [libre]

Lhuk avait été envoyé chercher quelque artéfacts et en profitait pour se repaître de l’activité fébrile qui secouait toujours la place de Sylphe. Parfums, sons, couleurs, mouvements tout se mélangeait dans un joyeux capharnaüm. Lhuk se fraya un chemin à travers la foule en saluant tous ceux qui croisaient son chemin. Parcourant le même territoire depuis plusieurs années, il avait appris à les connaître. Détenant une mémoire des noms phénoménale, jamais il ne manquait de s’adresser à quelqu’un en utilisant son nom complet, afin de montrer le réel intérêt qu’il éprouvait envers son interlocuteur. À cette heure, rare était les enfants qui circulaient dans la place. Lhuk était dans les plus petits présents, et de loin, tout ce qu’on apercevait de lui était son large parasol rouge qu’il tenait fermement au-dessus de sa tête. Mignon comme tout, il prenait son temps et se délectait des effluves marines que la place charriait. Car le quartier de Lidralyou était le plus ouvert. Les bâtiments étaient recouverts de fenêtres claires qui laissaient passer le soleil, la lumière.

L’apprenti Ambassadeur fit son chemin dans la place où les artistes s’exhibaient, parfois pour vendre leurs créations, parfois pour simplement les découvrir à la face du monde. Lhuk se faisait souvent demander de poser pour sculpteur, dessinateur, peintre… Le gamin se disait que tout ceci était probablement dû à son rang dans la ville, mais plusieurs artistes avaient simplement envie d’immortaliser l’étrange délicatesse physique de l’elfe. Il n’était pas frêle, au contraire, simplement il dégageait cette délicatesse et c’était un défi pour tout artiste d’être en mesure de représenter celle-ci au travers de leur art.

Essuyant son front, par habitude, avec un mouchoir de dentelle, Lhuk fit une pause et prit place sur un petit banc près du carillon. C’est de là qu’il aperçut une silhouette familière. En fait, tout le monde ici lui était à un certain point familier mais cette silhouette avait quelque chose de plus… Elle n’habitait pas le quartier, ni même la ville. Lhuk ne l’avait vue que quelques fois, et tout ça avait été bien court.

Il observa quelque instant l’homme, essayant de se souvenir de son nom… Il avait en mémoire son prénom, Kalhim, mais ne pouvait simplement pas se souvenir de son nom de famille..
Creusant dans sa mémoire, le petit se jura de ne pas aller à la rencontre de ce marin avant d’avoir le nom qui lui manquait!

Soudain, il se leva précipitamment, et sans oublier son ombrelle, se dirigea avec vitesse vers le capitaine. Il tira avec force sur un pan de la veste de Kalhim et quand celui-ci se retourna, Lhuk dit, un immense sourire aux lèvres :
«Kalhim! Kalhim Darak’zaa!»

Kalhim balaya de son regard la grande place à plusieurs reprises, sans toutefois aprecevoir celui qu'il cherchait. Un point rouge et bas attira son attention, puis lui fit esquisser un sourire. Il regarda le point rouge s'arrêter, disparaître un cours instant, puis se remettre en mouvement, en sa direction.

Il se retourna et fit mine de s'intéresser à l'étalage qui se trouvait désormais devant lui: babioles protégant du mauvais sort et herbes médicinales aux propriétés miraculeuses, selon le vendeur.

Kalhim entendit crier son nom, une voix pure et claire, pleine d'innocence mais également de sagesse, témoignant du jeune âge mais aussi des responsabilités du petit être qui tira peu après sur sa redingote. Le Capitaine se retourna prestement, essayant d'avoir l'air surpris, et accueillit, grand sourire et bras ouverts, son interlocuteur:

- Lhuk! Comme il est plaisant de vous revoir! Justement, j'espérais bien vous croiser! Je passe si rarement dans le coin, et les relations sont parfois si difficiles à entretenir avec ma profession...Je ne désirais point rater une occasion comme celle-là!

Tout sourire, il observa le jeune elfe blond qui l'observait de sous son ombrelle rouge. Il était assuré d'avoir un endroit pour vendre la marchandise dès aujourd'hui, ce qui signifiait que d'ici deux ou trois jours, les caisses devraient être vides et les coffres débordants d'or. Élargissant son sourire, le regard de Kalhim s'attarda dans les yeux vifs et enjoués de l'apprentit Ambassadeur.

Lhuk taponna son front de son mouchoir sous l’excitation que cette rencontre faisait naître en lui. Il aimait toujours se souvenir de chaque personne, aussi minime soit leur présence dans sa vie, pour, au moment où ils réapparaissent, les surprendre de sa mémoire. Il en était fière le petit Lhuk, fière ou simplement naïf de croire que ses interlocuteurs en était réellement impressionnés…

Avec innocence, il se lança dans les bras grands ouverts devant lui et donna une accolade qu’il voulait virile au pirate. Il serra du plus fort que ses petits bras, entraînés à l’arc, le lui permettait.
Puis, il reprit une distance acceptable avant de répondre.

«Si, M.Darak’Zaa? J’en suis flatté! Pour quel raison désiriez-vous me voir? Vous avez besoin de rencontré quelqu’un? De trouver quelqu’un? Je connais tout le monde ici!»

Puis, pour prouver ses dires, il se retourna à moitié et se mit à nommer rapidement les personnes présentes dans la place, dont il connaissait le nom.

«Là-bas vous avez Samuel Barguet, il vend des fleurs… Un peu plus loin, là à côté des vases c’est Lyhr Show! Je ne sais pas trop ce qu’elle fait mais c’est Lyhr Show! Il y aussi Bergamoth Joik, Issyle Wakatouktouk, Juirt Pamaloosa et…Bon enfin vous comprenez!»

Sortant un petit morceau de carton beige de son sac, il rajuste son ombrelle.

«J’ai aussi une carte! Si vous me chercher, vous donnez celle-ci à un courtier, où si vous vous trouver dans le quartier de Lydralyou à un oiseau et il vous amènera jusqu’à Lhuk! Ça et bien, c’est moi!»