Mini-jeu numéro 1 : Concours de légendes

Partout dans le monde, les légendes foisonnent. Qu'elles soient belles ou terribles, dignes ou viles, réels ou imaginaires.
Et parmi celles-ci justement un nombres considérables est destiné uniquement à effrayer les gens qui les écoutent. Qui n'a jamais tremblé sous sa couette au hurlement d'un loup après une histoire sur les terribles lycanthropes ? Qui a osé traversé un cimetière après une légendes sur les revenants ? Qui, ayant entendu ces terribles histoires de vampires sanguinaires, n'a jamais faits un détour pour éviter une ruelle sombre ou une personne à l'apparence austère la nuit ?

Bien sur tout le monde sait que toutes ces légendes ne sont que des balivernes racontés pour effrayer les enfants qui ne veulent pas finir leur repas, pour s'amuser de la tête traumatisé des copains lorsqu'on les emmène en virée ou pour s'assurer que les adolescents rebelles évitent les mauvaises rencontres.
Quoiqu'il en soit tous les adultes normaux cessent rapidement d'y croire et les oublient, pour les ressortir peut-être de temps en temps à leurs enfants ou à un copain crédule.

Certaines de ses histoires partaient surement d'un fond de vérité, voir sont totalement véridiques. Mais il n'aura fallu que quelques dizaines d'années pour les transformer en faits semi-réels, en entrelacs subtils de vérité et de rajouts, qui perdent alors toutes crédibilité.
Pourtant il est des histoires que le temps et les générations ne peuvent effacer, tant leur empreinte c'est apposé profondément dans leur époque, marquant au fer rouge des pages entières de l'histoire. C'est le cas de l'épopée des déesses pour ne citer que cet exemple.
Et de manière plus locale c'est également le cas de celle que je vais vous raconter.


Notre histoire commence peu de temps après la première disparition des déesses, sur le continent du mal. Cette terre boursouflée par le péché, impropres à la civilisation, allait voir naître ce qui serait son plus terrible et plus représentatif rejeton après ses déesses elles même.
Il s'appelait Mogoroth. Tyrion Mogoroth pour être plus précis. Un prince elfe noir d'une terrible lignée, connu pour les pulsions destructrices de ses membres. Il vécut toute son enfance dans un château luxueux, entouré des complots et des manigances de ses parents, même les plus proches. On ne sait pas grand chose d'autres, jusqu'à son ascension à la tête de sa maison.
Il était alors un tyran despotique et craint, habitué à ce que l'on lui obéisse sur le champ. A l'époque il était déjà un grand guerrier et un mage puissant.

Sa soif de pouvoir dévorante le fit bientôt s'intéresser à ce qui entourait son domaine. Il se lança donc à l'assaut des autres propriétés du continent du Mal. Il fit lever plusieurs troupes de mercenaires, avant de commencer à entraîner une véritable armée.
Ne reculant devant aucun sacrifice il imposait des taxes de plus en plus lourdes, continuait de développer ses pouvoirs déjà grandioses. Il employait d'autres sorciers, faisait concevoir des potions et des sorts tous plus répugnants les uns que les autres, s'intéressait à tous les domaines de la magie surtout les plus obscurs.
Ses adversaires surent bientôt ce qu'était l'impuissance et al terreur. Il commença à aligner démons et créatures magiques, à lever des armées de morts-vivants. Son ascension fut aussi soudaine que brutale, et il se retrouva bientôt maître de la moitié du continent du Mal.
Il commençait à inquiéter sérieusement ses voisins, son royaume était le plus grand de tout le continent. Plutôt que de continuer cette guerre voué à l'échec, les seigneurs indépendants décidèrent de lui jurer fidélité, très exactement 78 ans après le départ des déesses. Mogoroth se retrouva donc roi du continent. Un titre honorifique pour signifier le maître absolue d'une terre ravagé par la guerre, la discrimination, le meurtre, le vol, les complots...

Mais Mogoroth voulait plus, toujours plus. On entendit plus trop parler de lui pendant une dizaine d'années. Jusqu'à ce que des espions des quatre continents rapportent à leur souverain respectif que Tyrion était en train de lever une immense armée dans le but d'attaquer le continent du feu. Ils avaient également obtenue le lieu du débarquement de l'armée : au nord-est du continent, là où se situerait plus tard la Plaine Aride. L'armée était selon leur dires composée quasi-exclusivement de créatures morts-vivantes et démoniaques.

Le continent du feu rassembla sa propre armée et appela l'aide des autres continents pour faire face à l'invasion. Les réponses n'arrivèrent toutefois pas avant que la flotte de Mogoroth ne prenne le large et voyage à une vitesse incroyable, tous les vents et tous les courants s'étant mystérieusement mis d'accord pour aider la progression de la flotte maléfique.

Celle-ci débarqua au nord est et entreprit le débarquement immédiat. L'armée du feu les attendait à quelques kilomètres, avantageusement placée sur des collines, et le combat s'engagea peu après.
La bataille fut épique, les deux camps se livrèrent férocement à la bataille, les uns par envie de défendre leur familles et leur patrie, les autres par pure méchanceté et sadisme. Les morts-vivants qui composait une bonne moitié de la légion infernale ne s'arrêtait jamais, se relevant pour repartir au combat quand leur corps était réduits en bouillie, les démons usaient de leur capacités surnaturelles pour s'imposer sur le champ de bataille, les créatures plus folles et meurtrières les unes que les autres, fruits des pouvoirs de Mogoroth, décimaient les rangs des soldats du feu par dizaine, les sorciers maléfiques lançaient des sorts aux impacts destructeurs tandis que les rares combattants humains de Mogoroth se chargeaient des blessés.
L'armée du feu était déjà réduite de moitié quand un renfort inattendue se manifesta. Un ordre de chevaliers, des adorateurs du feu purificateur, se joignirent à la bataille.
Et la balance commença à pencher. Les chevaliers disposaient d'une magie qui égalait celles des sorciers, et permettait de contrer les horreurs magiques de la horde. Les morts-vivants qui étaient abattus par la lame d'un chevalier ne se relevaient pas, les démons étaient bannis dans un autre monde. Même les puissantes créatures magiques succombaient sous les assauts des talentueux guerriers. Mais le rapport de force était encore trop faibles, les chevaliers pas assez nombreux, et la ligne faillit céder plusieurs fois dans l'armée du feu.

Plusieurs cors sonnèrent alors tandis que des renforts du continent de la Terre et de l'Air arrivaient. La horde maléfique voulut reculer pour établir des positions près du littoral et se préparer à la fuite mais par la mer arrivèrent également les renforts de l'Eau, qui détruisirent les grandes barges de débarquement.
Privés de toute retraite, la horde décida de vendre chèrement sa peau et se mit en position, se préparant à accueillir la charge des différentes armées. Ses effectifs étaient sérieusement entamés tandis que ses ennemis étaient plus nombreux que jamais.
Au son des trompettes de charge, la bataille reprit. De tous les côtés, des troupes armés s'élancèrent sur les suppôts du mal. Le roi du Feu, confiant dans la victoire proche, décida de mener la charge à la tête de sa cavalerie et des chevaliers bénis.
Bien mal lui en pris. Alors même qu'il allait percuter ses adversaires un nuage noir s'éleva de l'armée et fondit sur lui, l'envoyant au sol et stoppant instantanément la charge de cavalerie, effrayant les chevaux comme les hommes.
Le nuage de fumée se condensa et une silhouette apparut à l'intérieur. Mogoroth avait rejoint la bataille en personne. Il commença à faucher les rangs adverses, se jouant des attaques de ses adversaires avec facilité, usant de sa magie pour détruire des unités entières.
Son apparition avait renforcé l'ardeur de ses soldats et la bataille redoubla de violence. Partout ce n'était que mort et désillusion. Petit à petit l'armée maléfique se réduisait, cédant du terrain, se recroquevillant les uns contre les autres.
Le combat était perdu pour Mogoroth mais celui-ci ne lâchait pas prise. Tout être s'approchant à plus de cinq mètres de lui finissait invariablement mort. Plusieurs héros des continents laissèrent la vie contre lui. Mais petit à petit il s'essoufflait. Ses attaques se faisaient moins virulentes, plus lentes, plus faibles. Il fut encerclés par un groupe de dix chevaliers parmi les meilleurs, bien décidés à en finir avec ce monstre. Mogoroth fut touché une première fois, une blessure légère. Mais cela suffit à convaincre les chevaliers de la vulnérabilité croissante de leur adversaire et ils redoublèrent d'effort. L'un d'eux lui trancha un bras.
Qui repoussa dans la minute. En effet Mogoroth avait utilisé ses pouvoirs pour rendre son corps quasiment invulnérable. Les plaies cicatrisaient, les membres repoussaient, les lames les plus fragiles se brisaient même parfois sur la peau à nue du monstre. Même les lames les plus sacrés des chevaliers ne parvenaient qu'à repousser quelques instants le sortilèges.
Mais toute défense à une faiblesse et celle de Mogoroth était son esprit. Un esprit si puissant que même son corps ne pouvait qu'à peine le contenir. Le maître des chevaliers prononça une incantation et frappa une seule fois le sorcier, directement au coeur.

Un hurlement strident retentit alors sur tout le champ de bataille tandis qu'une épaisse fumée noire s'échappait du corps de Mogoroth pour s'éloigner aux quatre vents. Celui-ci tomba alors au sol, inerte et flasque. Sans la magie de leur maître, la plupart des sorciers moururent sur le coup tandis que les morts-vivants tombaient en poussière et que les créatures magiques se disloquaient de manière horrible, privé de leur liens. Les rares démons encore sur ce plan comprirent que rester ne servait à rien et ils disparurent soudainement. Seuls les soldats humains de l'armée étaient encore là, et eux aussi savaient pertinemment ce qui allait suivre. La plupart se jetèrent au sol en implorant la pitié, ne recevant que des coups d'épée. Ceux qui tentèrent de fuir rejoignirent les rares sorciers encore en vie, et la plupart furent massacrés par la cavalerie adverse.
Partout l'armée démoniaque fondait comme neige au soleil tandis que les soldats victorieux poussaient des hourras. Seuls les chevaliers restèrent l'air grave. Cette plaine avait été pervertit par la magie noire et ils savaient tous ce qu'ils devaient faire.
Les cadavres furent incinérés, que ce soit ceux des alliés ou des ennemis. Une fois ceci fait les maîtres de l'ordre se rejoignirent au centre du champ de bataille et commencèrent à invoquer leur pouvoirs. Un vent chaud se leva alors, et se répandit sur toute la plaine. Celui-ci chassa toute trace de magie noire, éliminant les derniers enchantements qui subsistaient ou les sorciers qui n'avaient pas encore fuis. Mais même une fois son travail accompli il ne se leva pas. Il s'ancra dans le sol. Depuis la zone est toujours protégée par l'influence des chevaliers, la magie noire y est toujours bannie et le vent y est toujours très chaud, ce qui lui valu son nom : la Plaine Aride.

Quant au corps de Mogoroth, toujours invulnérable malgré son état de légume, les chevaliers l'emmenèrent à leur quartier général où ils le scellèrent dans un sarcophage de granit imposant et gravé de multiples runes anti-magie. Ils savaient pertinemment que tant que le corps ne serait pas détruits, ce qu'ils n'étaient pas capable de faire, l'esprit de Mogoroth continuerait de parcourir ce monde et qu'il n'aurait de cesse de vouloir récupérer son corps. Leur victoire n'était qu'un simple gain de temps, et ils en étaient conscients, aussi jurèrent-ils de protéger le sarcophage au péril de leur vie, abandonnant leur rôle de chasseur de sorciers pour celui de gardiens.


Ils patientent depuis plus de deux cents ans, mais leur inactivité ne saurait durer éternellement, car je suis de retour des morts !